Histoire

Le nom de Pihen apparaît pour la première fois dans la charte de fondation de l’abbaye d’Andres en 1084, sous la forme Pithem, du germanique pit (puits) + heim (habitation, village), devenu PIHEN par amuissement du T. On écrit -HEN dans le Calaisis et le Boulonnais, -HEM ailleurs. Pihem (près de Wizernes) est le même mot que Pihen, ce qui entraîna de nombreuses erreurs dans l’acheminement du courrier et amena la commune à modifier son nom en Pihen-lès-Guînes en 1923.

Il n’est pas douteux que le village soit très ancien. On aurait retrouvé des sépultures remontant à l’époque du haut Moyen Âge, notamment des sépultures en forme de sarcophages et des squelettes reposant directement sur la craie. Des tuiles très épaisses, façonnées à la main, ont été à plusieurs reprises remontées à la surface d’un champ par le soc d’une charrue. Témoins de temps beaucoup plus reculés, des défenses de mammouth et un crâne de rhinocéros furent mis au jour lors de la construction de la route départementale.

À noter « l’étoile itinéraire » que constitue le centre du village où viennent aboutir 7 chemins, dont plusieurs remontent au Moyen Âge. La commune est traversée de part en part sur un axe est-ouest par une voie antique que l’on considère comme romaine, branche dérivée, à Guînes, de la Leulène (ou chemin de Leulingue) qui va en droite ligne de Thérouanne à Sangatte. Cette branche dérivée de voie romaine relie Guînes à Wissant qui était un port d’embarquement vers l’Angleterre très fréquenté au Moyen Âge. Ce chemin est une portion de la Via Francigena, chemin de pèlerinage qui reliait Canterbury (ou Cantorbéry) à Rome dont Sigéric, archevêque de Canterbury de 989 à 994 fait la plus ancienne description en 990 lors de son retour de Rome. Cet itinéraire, en 80 étapes d’environ 20 km, est connu par un manuscrit. C’est sur la base de cet itinéraire, plus anciennement attesté même que celui de Compostelle, qu’a été balisé l’itinéraire actuel.

Au Moyen Âge, Pihen fit partie du Comté de Guînes, puis demeura aux Anglais de 1347 à 1558, comme toutes les paroisses du Calaisis. Après la libération par François, deuxième duc de Guise, en 1558, Pihen fait partie du « pays reconquis » : après le départ des colons anglais établis depuis la capitulation de Calais en 1347 et l’expulsion des propriétaires français, il faut répartir les terres entre leurs nouveaux propriétaires. En 1560 on compte onze propriétaires sur une surface de 1307 mesures environ pour quinze propriétaires en 1585 se partageant environ 2000 mesures (actuellement 925 hectares).

Les tribulations de Pihen n’étaient pas terminées pour autant. À cette époque, les rois de France et d’Espagne étant en guerre, le territoire de Pihen était dans la zone des combats, les Espagnols venant de la Flandre voisine qui était alors en leur possession. Un jour on était aux Français et le lendemain on pouvait se retrouver Espagnol. Ce qui fut le cas de 1596 à 1598. L’ancienne église, du XIIIe siècle, en fit les frais puisqu’elle fut incendiée à cette époque.

Une église du XIIIème siècle

L’église était anciennement placée sous le vocable de la Nativité de la Sainte Vierge .De l’édifice du XIIIe siècle ne subsiste plus que le chœur. De forme polygonale à trois pans, il est éclairé par des fenêtres à lancette. Ses voûtes à nervures sont supportées par des colonnes dont le fût très mince est accolé aux angles de la construction et surmontés de chapiteaux qui forment crochets. Les murs sont en craie taillée, sur les angles du chevet s’appliquent des contreforts peu saillants dont la base se perd dans les sous-bassements de l’église. D’après les notes de l’abbé Haigneré (historiographe du Pas-de-Calais du XIXe siècle), une tour se trouvant entre le chœur et la nef présentait des arcades romanes dans sa partie basse. Cette tour n’existe plus. La nef a été reconstruite vers le milieu du XIXe siècle. Un clocher qui fait porche la précède. Celui-ci abrite deux cloches qui portent des inscriptions relatives à leur baptême.

Grosse cloche : Eugénie, 1836, bénite par Mr Lattaignant, curé de Pihen. Parrain : Roger, baron de Colbert de Castel Hill. Marraine : Eugénie Podevin, née Devin des Ervilles. Mr Adolphe Podevin-Carpentier étant maire de Pihen.

Petite cloche : Augustine-Georgina, 1888, bénite par Mr Gallais, curé doyen de Guînes. Parrain : M. Georges Van Robais. Marraine : Augustine Mollien Devin des Ervilles. Mr Eugène Rémy étant curé et M. Férréol, maire.

La croix de fer surmontant le clocher est cantonnée par des spirales donnant la date de 1826

intérieur de l’église en 1926

Les notes de l’abbé Haigneré signalent plusieurs épitaphes anciennes dont celle sur une dalle en pierre bleue de Marquise dans le pavage de la basse église portant le nom de Bernard Cannet, marchand à Boulogne-sur-Mer, décédé le 3 janvier 1709. En 1970, la réfection du dallage du chœur, une pierre tombale très bien conservée a été mise à jour portant le nom d’Adrien le Roy, décédé le 8 septembre 1634.

L’ancien cimetière, qui entourait l’église, compte plusieurs pierres tombales anciennes en pierre grise de Marquise, ainsi celles d’Alexandre-Roger de Colbert de Castel Hill, décédé au château de la Rocherie le 19 juillet 1829 et de François de Reynaud d’Arnaud.

Le nouveau cimetière, transféré depuis assez longtemps, est situé à quelques distances dans l’ancien « Courtil des Rois ». La croix du cimetière fut érigée le 27 juin 1875 par Alphonse de Guizelin et sa femme Louise de Montbrun.

Le moulin

Situé sur la hauteur, sur la route de Bonningues-lès-Calais existe toujours une tour ruinée qui autrefois était un moulin à vent. Ce moulin construit en brique de sable sur fondation de pierre de Landrethun date de 1839. Certaines anciennes cartes postales lui donnent le nom de « moulin Lay » ou « moulin Lay-Tristam ». Près de l’entrée tournée vers Calais une niche datée de 1879, encore visible, abritait une statue en bois peint représentant saint Donat (l’iconographie de ce saint le représente avec des cheveux et une barbe semblables à ceux du Christ, les bras à l’horizontale (tendus en avant), la main droite tenant un glaive, pointe en l’air.

Il s’agissait d’un moulin de type « tour », celui-ci a généralement un corps fixe en pierre ou en briques, surmonté d’une toiture pouvant pivoter, seule, sur 360°. Elle supporte les ailes et abrite le rouet et la lanterne. Pour mettre les ailes face au vent, l’arrière du moulin est équipé d’une guivre (queue) descendant jusqu’au sol à la disposition du meunier. Des cartes postales anciennes montrent que les ailes sont de type « flamand » : les ailes sont dissymétriques, chacune d’elles peut atteindre jusqu’à 12 mètres, créant une envergure de 24 ou 25 mètres. Le côté droit est équipé de planches inclinées formant le bord étroit de l’aile, le côté gauche se compose d’un quadrillage de barreaux et de lattes.